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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/37

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avec une riche cargaison. Colomb n’hésita pas à les attaquer, malgré la disproportion des forces, et le combat durait encore, lorsque, la nuit venue, le feu prit au navire que celui de Colomb tenait fixé par des grappins et des chaines de fer. En un instant l’incendie devint général et aussi le sauve qui peut.

Abandonné de tout son équipage et même de ses ennemis, Colomb s’élance dans la mer où, trouvant sous sa main un aviron flottant, il pût, grâce à cette aide providentielle, atteindre en nageant le rivage, éloigné de deux lieues du théâtre de l’incendie. Recueilli par de bonnes âmes, dès qu’il eut réparé ses forces, il prit le parti de se rendre à Lisbonne, où il arriva dans le dénûment le plus absolu, mais où il rencontra Barthélemy, son frère. On a donné pour date à cette aventure l’année 1485 ; mais il est démontré qu’à cette époque, Christophe Colomb avait quitté le Portugal depuis plus d’un an. Son arrivée dans la capitale de ce royaume est fixée, sur d’authentiques documents, à l’an 1470.

À partir de cette année, la trente-quatrième de son âge, les détails qu’on a de sa vie prennent une certitude presque égale à leur importance. Tout y devient en quelque sorte solennel, car tout se rattache à la grande idée qui déjà le possédait depuis longtemps.

Nous allons donc pouvoir enfin ne plus séparer Colomb de son œuvre ; il nous tardait d’en venir là, mais il n’était pas sans utilité de faire connaître avant tout sa personne, et principalement les tendances morales qui constituent sa vraie grandeur. Tertullien a dit : « Ce n’est pas le supplice, c’est la cause qui fait le martyr. » Dans la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb nous allons trouver à la fois la cause, le martyr et la palme.