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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/40

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l’exemple eût été donné jusqu’à ce jour. Aussi régnait-il sur toute cette côte, la plus avancée de l’Europe, une activité, une fermentation matérielle et intellectuelle, dont rien, de nos jours, ne saurait donner une idée. On eût dit cette foule cosmopolite accourue dans quelque vague attente à une sorte de rendez-vous, et, comme les Hébreux au bord de la mer Rouge, attendant qu’un nouveau Moïse lui donnât le signal d’un mystérieux et suprême exode.

La place de Christophe Colomb était là.

Accueilli par ses compatriotes avec une extrême faveur, on a vu qu’il trouva parmi eux son frère Barthélemy. Cette rencontre, au reste, ne semble pas avoir été due au hasard. Si le grand mouvement maritime, dont le Portugal était alors le centre sous l’inspiration persistante de feu don Henrique, avait dû attirer Christophe, il est à croire que la présence de Barthélemy à Lisbonne influa sur le projet qu’il avait formé de s’y rendre, et, en tout cas, sur le parti qu’il prit de s’y arrêter quelque temps.

D’autres liens plus chers encore allaient bientôt l’y retenir.

Comme son frère, pilote habile et non moins habile dessinateur de cartes géographiques, Colomb, sur les avis de celui-ci, et probablement sous sa direction, s’appliqua de nouveau à ce même art qui lui était déjà familier, et y trouva de faibles moyens d’existence. Il y joignait celui de transcrire et d’enluminer des manuscrits, et assez d’industrie et de connaissances spéciales pour trafiquer avec quelque avantage et des originaux et des copies qu’il en tirait.

Ce temps d’arrêt entre les deux parties les plus actives de sa