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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/52

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révélations, il mit son projet sous le sceau de Dieu et reprit la mer.

Cette grande consolatrice aimait Colomb comme si elle l’eût fait : il lui ressemblait tant ; ses yeux brillaient d’un même azur, et, par instant, d’un même feu ; profond, impétueux comme elle, il avait des calmes non moins subits, non moins suaves. Colomb, d’ailleurs, était un si bon fils ! Que demandent les mères ? Que leurs enfants reviennent à elles quand le monde les a blessés. Alors, si grands, si vieux qu’ils soient, elles les recueillent, elles les grondent tendrement, elles les bercent sur ce sein qui les a nourris, dans ces bras qui les ont portés, qui les porteraient encore au besoin.

Ce suprême asile des éprouvés. Colomb en savait la douceur ; il ne manquait jamais d’y recourir dans ses épreuves et il n’y avait pas dormi une heure qu’il se réveillait pacifié.

Voyez-le plutôt, en Islande — il s’était enfui jusque-là — peu de mois après ces échecs navrants que nous n’avons fait qu’indiquer. Voyez, dans cette note de voyage, à quel calme limpide l’agitation a fait place, et comme l’amertume, s’il en reste, s’est vite déposée au fond de cette âme :

« L’an 1477, au mois de février, je naviguai plus de cent lieues au delà de Tille (Thulé), dont la partie méridionale est éloignée de l’équateur de 73 degrés, et non de 63, comme le prétendent quelques géographes, et Tille n’est pas placé en dedans de la ligne qui termine l’occident de Ptolémée, Les Anglais, principalement ceux de Bristol, vont avec leurs marchandises à cette île qui est aussi grande que l’Angleterre. Lorsque je m’y trouvai, la mer