Aller au contenu

Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ajoutons en passant que toutes ces nouvelles, comme dit Humboldt, s’il les eût apprises sur les lieux mêmes, auraient nécessairement influé sur ses plans ; or, nous le voyons, après son retour d’Islande, soumettre ceux-ci au roi Jean et à son conseil exactement dans la même forme où il les avait exposés à Toscanelli, en 1474.

L’intelligent successeur d’Alphonse V fit d’abord à ces ouvertures un meilleur accueil que les sénats de Gênes et de Venise ; il les prit même en telle considération, que leur auteur dut immédiatement fixer le prix qu’il entendait mettre à l’heureuse exécution de son plan. Mais les prétentions de Colomb ayant été mesurées par lui à la hauteur de l’entreprise, on les trouva exorbitantes, eu égard, surtout, à l’obscurité, à la pauvreté de celui qui les soutenait. Colomb n’en voulut rien rabattre quelques instances, quelques concessions qu’on lui fit, et il reprit encore une fois ses humbles travaux avec un calme et une suite qui ajoutèrent à l’estime et à la confiance du roi.

Bientôt, en effet, malgré l’opposition dédaigneuse de plusieurs de ses familiers, ce prince porta la question devant un conseil supérieur. Elle y fut débattue avec passion, et, ce qui marquait un progrès notable, traitée presque uniquement au point de vue des frais d’expédition. À la fin cependant, le roi ne paraissant reculer devant aucun sacrifice d’hommes ou d’argent, Colomb fut invité à déposer ce que nous appellerions aujourd’hui un mémoire détaillé de ses propositions générales et particulières, avec raisons et calculs à l’appui. Il obéit sans défiance, et attendit patiemment le résultat d’un examen auquel il n’était pas admis. À ce propos,