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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/69

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conforme à sa vocation religieuse que propice à son goût pour la méditation et l’étude. Isabelle n’avait pas, pour cela, renoncé aux conseils du père gardien de Sainte-Marie de la Rabida, et, dans ce monastère où il avait établi un observatoire, Juan Perez devait parfois interrompre ses recherches et ses prières pour répondre à des lettres de cette reine, dont il avait gardé la confiance tout entière.

Aucun autre lieu n’eût pu être aussi favorable à des observations astronomiques que ce couvent, qui dominait une vaste étendue de mer, et, au nord, ces plaines immenses qu’embrassent, d’un côté, le Guadalquivir, et, de l’autre, la Guadiana.

Ce monastère était du reste, aussi humble que la famille religieuse qui l’habitait : toute sa richesse consistait en un jardin, quelques vignes, d’immenses cyprès, des pins-parasols, des palmiers — de ces derniers, il n’en reste plus qu’un, et c’est presque le seul des trésors végétaux de la Rabida, qu’ait épargné la rage du temps et celle des hommes.

À peu de distance est Palos-de-Moguer, petit port de mer, aujourd’hui non moins désolé que le monastère qui le domine et tout le pays qui l’entoure ; mais il n’était pas sans activité ni même sans quelque importance en 1485, et le père Juan de Marchena y trouvait à consulter l’expérience de maint pilote, et même de quelques hommes instruits, tels que Garcia Hernandez, médecin de la communauté.

Un jour que ce dernier venait de faire au couvent sa visite ordinaire, le père gardien, en le reconduisant, s’arrêta devant un spectacle que la situation écartée de la Rabida rendait peu ordinaire.