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Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/93

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empestrent quelques fois dedens les fillets qu’on avoit tendu a prendre les Celerĩs & Harẽs, & autres poissõs sẽblables : tellemẽt que ne se pouvants desfaire, demeurent prins en ceste sorte. On les frappe quelques fois de l’arbalestre, & de l’arquebouse en la mer, & aussi avec des picques : mais ils ne viennent pas en la puissance de ceuls qui les ont frappez : laquelle chose est aussi faicte rarement & se faict en temps calme lors que les mariniers sont de loisir, ne sachants a quoy s’amuser ne passer le temps.

XVIII.

Qu’õ ne salle le Marsouin & Daulphĩ sinõ en Frãce.

Entre les salures frãçoises des poissõs Cetacees ne cognoy que la Baleine, le Marsouĩ & l’Oye : dõt no ayõs quelque usage, desquels il n’y a point es autres pais du Levãt, mais ils en ont d’autres a l’eschãge, dõt aussi no n’avõs point d’usage. Aristote ha entẽdu, que les poissõs nõmez en Latin Cetacei, sõt ceuls qui sont de grande corpulence & qui rendent leurs petits en vie : toutesfois les autres Grecs ne l’ont pas du tout ensuyvi en ce dernier poinct : car ie trouve que le poisson nõmé Ichtyocolla, & aussi Libella ou biẽ Zygena, & le Ton, comme les Roussettes & les Chiens de mer, ont esté nommez Cetacees. Dont les vendeurs de tels grands poissons, comme est la Tonnine, ont esté nommez Cetarii, qui indifferemment vendent toutes especes de poissons sallez en leurs boutiques. Les Marsouins & Daulphins peuvent bien estre escorchez pour en garder la peau iusques a quelques annees : chose que i’ay experimentee estre vraie, dont mesmement monsieur Rondelet medecin de Monseigneur le Cardinal de Tournon, docteur regent de Montpellier ne me desdira pas : car luy qui sur touts autres personnages est diligent a recouvrer les peinctures des poissons, & qui en ha ia assemblé pres de mille differẽts, lequel cõbien qu’il eust veu plusieurs autres Marsouins, & en eust les portraicts toutesfois il eut plaisir de veoir cestuy la ainsi rempli que ie lui fei veoir. I’avoye a dire ceci du Daulphĩ, Marsouĩ, & Oudre, en prouve des peinctures des Daulphins que i’ay maintenu, & maintiendray estre les vraies. Quãt a l’anatomie que i’ay descripte ie veul bien faire entendre ne l’avoir faicte en cachettes, ains l’avoir faicte publiquement, l’an passé au College de medecine, lors que