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Page:Benjamin - Grandgoujon, 1919.djvu/290

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GRANDGOUJON

qui veut dire : « Reviole-moi ! » Et c’est le collage. Alors, Madame, tous mes regrets. Dites à votre mari, que pour sa petite affaire c’est entendu, et demeurez chez vous à filer la laine pour nos soldats. »

— Mais… mais quel insolent ! répéta encore Grandgoujon qui en avait une vapeur.

— Ah ! mon ami, de nouveau, j’ai voulu me jeter sur ce malotru : de près il m’a paru trop pauvre. Je me suis enfuie, j’ai sauté dans une voiture, je suis rentrée sans souffle. Puis… j’ai retrouvé mon sang-froid… mais j’avais besoin de vous raconter la scène !

Ce disant, d’un gracieux mouvement de cou, elle rejeta son voile qui ne la gênait pas, et approchant son siège de Grandgoujon :

— Dites que vous me comprenez.

— Pensez, Madame !

Il l’admirait surtout. Comme elle imitait avec distinction la grossièreté de Creveau !

Puis il se redisait tout bas :


Ah ! femmes… quoi qu’on puisse dire ;
Vous avez le fatal pouvoir…
...............


Et très enflammé, il reprit :

— Voilà le genre de mufles qui président à la guerre, et l’empêchent de finir !

Madame des Sablons eut une approbation de tête machinale ; la déduction lui plaisait, mais la surprenait. Grandgoujon s’était levé. Il fit trois