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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/12

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pas moins gaies. D’ailleurs il est une saison où nous acceptons l’existence, telle qu’elle nous est faite. Mon infirmité de naissance ne m’avait pas rendu plus réfléchi qu’un autre, et ce fut grâce à cette compassion maladroite, que je me demandai une première fois, par quelle rigueur Dieu qui a donné le bourdonnement à l’abeille et le chant à l’oiseau, pouvait priver de la voix sa créature de prédilection. Une tristesse qui me vint beaucoup plus tôt, fut causée par l’indifférence apparente de mon père que je ne connaissais pas. M. Furey m’avait bien expliqué les événements qui motivaient selon lui cet étrange abandon, mais j’en tirais une conclusion tout opposée à la sienne : Ma mère, fort avancée dans sa seconde grossesse, avait, disait-il, éprouvé un saisissement terrible, en voyant mon frère