Aller au contenu

Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vent qu’elles ne le retenaient en Lorraine. Après s’être raconté les péripéties nombreuses qui avaient rempli six ans de séparation, ils s’arrêtèrent tout essoufflés, fumèrent une cigarette pour reprendre haleine, puis Gaston, recouvrant la parole le premier :

— Donc, dit-il, tu reviens plus excentrique que jamais… Tu portes un costume arménien sous ton paletot, un cheval arabe tenu par un nègre t’attend à la station prochaine, et tu as installé dans le compartiment des dames plusieurs almées dont je vais entrevoir tout à l’heure les grands yeux noirs derrière un voile de gaze.

— Mais tu n’as donc pas compris un mot de ce que je te disais à l’instant ? Il y a tout au plus, dans mes bagages, un yatagan rapporté à ton intention ; tu ne me verras ja-