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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/292

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peu j’y retrouvai tous les signes que mon vieil ami prétendait avoir appartenus aux mains de Charlotte Corday, de Sophie de Condorcet, de Lucile Desmoulins, et qui lui faisaient dire : — Si les autres femmes se dévouent jusqu’au travail, celles-là se dévouent jusqu’à la mort.

Plusieurs fois durant ce monologue il m’avait semblé voir le sein de ma belle marquise se soulever précipitamment, ses paupières se baisser avec tristesse ou se relever sur une œillade étincelante, la draperie bleue s’agiter, mais je n’en avais pris aucun émoi, — la clarté vacillante d’une chandelle que les mouchettes ont trop longtemps respectée, explique bien des fantasmagories.

En ce moment, je ne sais si minuit sonna comme dans les romans d’Anne Radcliffe ; — je n’avais point de montre pour m’en assurer,