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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/69

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calme pénétrant qui lui donna depuis tant d’ascendant sur moi. Je me sens si heureuse ici !

Et il fallait peu de chose à Jane pour se sentir heureuse : l’église où elle allait s’entretenir avec les êtres chéris qu’elle ne devait plus revoir, le jardinet où elle semait des plantes, fabuleuses dans notre Europe stérile, et dont elle attendait avec une anxiété que n’éteignait aucune déception, l’épanouissement impossible, un peu de ciel bleu, deux amitiés dans lesquelles son cœur se prodiguait, sans exiger qu’on lui rendît autant qu’il donnait. Si une Laure de Mareuse lui eût parlé du séjour des villes, de coquetterie, de frivolités, elle eût certainement répondu : À quoi bon user le temps ? On en a si peu pour être utile et se dévouer !