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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/152

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

Mme Darcey ; elle était d’avis qu’il ne fallait jamais tromper les enfants, mais les amener plutôt à regarder en face la plus dure vérité.

« Allons, suivez-moi, » dit Mme Darcey à la da.

Celle-ci, comprenant trop la comédie que l’on jouait, se jeta passionnément à genoux devant sa petite maîtresse et baisa ses mains, ses vêtements en les arrosant de larmes brûlantes.

« Eh bien ! lui disait Yette, pourquoi pleurer ? pourquoi m’embrasser, puisque tu vas revenir ?

— En effet ! vous êtes folle ! dit Mme Darcey avec humeur.

— Oh ! madame ! sanglota la pauvre négresse, en se tournant les mains jointes vers Mlle Aubry.

— Sois tranquille, interrompit Yette en créole, avec son rire espiègle, elle ne me mangera pas pendant ton absence… pourvu que tu reviennes vite ! Dépêche-toi ! »

La da la reprit dans ses bras ; il fallut presque l’entraîner de force. La grande porte à guichet retomba avec un bruit sourd, puis on entendit faiblement de loin grincer la grille. Alors Mlle Aubry. voyant sur le visage de l’enfant une expression d’anxiété bien naturelle, alla chercher un livre d’images et engagea Yette à s’amuser pendant qu’elle écrirait.