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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/167

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LA CLASSE ET LA RÉCRÉATION.

blaient toute la classe, elle se tourna vers la nouvelle, comme on l’appelait, qui, tout éperdue des railleries que provoquaient ses allures insolites, ne savait plus que devenir, et la pria de regagner sa place. Yette obéit volontiers ; mais, arrivée là, elle se mit à chercher ce qu’on pouvait bien attendre d’elle. Sans doute elle crut deviner à la fin, car, tirant une paire de ciseaux de sa poche, elle prît de l’autre main un cahier neuf placé sur le pupitre, et, pour déployer ses talents, se mit à découper en bonshommes les belles pages toutes blanches.

Nouveaux rires.

Mlle Agnès, voyant qu’elle ne réussissait plus à distraire au profit de la grammaire une seule parcelle de l’attention concentrée sur Yette, appela cette dernière, auprès d’elle, en ordonnant aux autres pensionnaires de repasser le devoir qu’elle leur avait dicté.

« À votre tour, ma petite amie, dit-elle, nous allons lire un peu. »

Le livre qu’elle ouvrit était en gros caractères et des plus enfantins ; néanmoins, Yette ânonna de telle sorte en défigurant tous les mots, que l’hilarité recommença de plus belle.

« Elle ne sait pas lire, cette grande perche !