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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/193

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LA LETTRE.

« C’est quelque plaisanterie, » dit-il au concierge en le lui remettant.

Le concierge, fidèle à sa consigne, avertit sans retard l’autorité supérieure, et le résultat de tout ceci fut que, ce dimanche même, après vêpres, Mlles de Lorme et Pichu furent sommées de comparaître dans le cabinet de la directrice.

« Elle va nous interroger, dit Yette, prends garde à tes réponses.

— Je ne parlerai pas, répondit Héloïse ; mais, crois-moi, on ne trompe pas Mlle Aubry. Tu ferais mieux d’avouer… »

Yette rejeta sa tête en arrière d’un air de défi obstiné.

Il n’y eut pas lieu d’avouer, car on ne les interrogea pas. Mlle Aubry, debout près de la cheminée, tenait à la main la lettre ouverte.

« Mademoiselle, dit-elle à Yette, vous ignoriez peut-être qu’il était défendu d’écrire à mon insu. Vous ne serez donc point punie, à moins que ceci ne soit une punition, » dit-elle en déchirant la feuille qu’elle jeta dans le brasier ardent qui l’eut consumée en un clin d’œil.

Yette s’était élancée pour la ressaisir et ne réussit qu’à se brûler les doigts.

« Vous n’aviez pas le droit de lire une lettre