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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/204

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

saignantes s’écorchaient aux aspérités du bois. Il lui fallut se débarrasser de son petit paquet. Elle le jeta dans la rue, sans s’apercevoir qu’un chien errant s’en saisissait au moment même, après l’avoir flairé.

« Yette ! » criait aux échos Mlle Agnès.

Au son de cette voix qui se rapprochait peu à peu, la peur la prit et elle donna une violente secousse qui faillit la faire tomber à la renverse ; l’instinct de la conservation l’amena naturellement à se retenir des deux mains au lierre ; elle lâcha du même coup l’échelle qui tomba bruyamment à plat dans l’allée du jardin, et sa fidèle Nana, qu’elle n’avait pu se résoudre à laisser derrière elle. Nana alla se briser sur le pavé de la rue. Au moment même, une grosse voix disait dans cette même rue : — « Halte là ! » Yette, se retournant, vit un homme en uniforme et en képi, qui n’avait rien de commun avec le « gendarme ti bâton » dont on se moquait dans son pays. Il était aussi terrible que le « grosses bottes » en personne.

« Vous l’avez échappé belle, petite vaurienne, reprit le sergent de ville, j’ai cru vous ramasser en pièces comme votre joujou, — il tenait la poupée, — attendez ! attendez ! »