Aller au contenu

Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

176
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

bien ignorante et qu’il faut que je ne le sois plus avant de sortir d’ici. Cela ne m’ennuie pas trop d’apprendre, seulement je veux me dépêcher d’en finir pour retourner plus vite auprès de vous. Je demande donc à ma chère maman de permettre que je passe mes vacances à la pension pour y travailler, au lieu de sortir avec Mme Darcey qui veut m’emmener à la campagne. Je n’aime toujours pas beaucoup Mme Darcey, quoiqu’elle m’apporte des gâteaux et du chocolat toutes les semaines, et je m’ennuie chez elle parce qu’on n’y peut pas jouer. Polymnie est trop grande et a de trop belles robes ; et puis, cela me lait pleurer malgré moi de la voir embrasser sa maman. Je pense tout de suite à vous, quoique Mme Darcey soit bien moins jolie et bien moins bonne, mais enfin c’est toujours une maman, et j’ai compté qu’il y avait deux cent soixante-neuf jours que je ne pouvais plus embrasser la mienne ! Mais la grande raison qui me fait tenir à passer mes vacances en pension, c’est que je pourrai avancer d’une classe pendant ce temps-là, de sorte que cela sera autant de gagné pour retourner au Macouba. Si je dois rester ici cinq ans, comme me l’a dit Mlle Aubry, je peux gagner une année en supprimant les vacances. Je sais assez