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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/249

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LA PETITE MAMAN.

s’il n’a rien laissé, comment donc est payée notre pension ? »

Avant d’avoir achevé cette phrase, d’une voix tremblante, Yette avait deviné d’elle-même, car, saisissant la main de M. Darcey, elle y déposa un baiser.

« Et vous ne me laissiez pas vous remercier, mon bon tuteur, c’est mal !… »

Dans son effusion, elle se jeta au cou de Mme Darcey qui, toute honteuse de l’avoir mal jugée, la serra sur son cœur.

« Ne vous tourmentez pas, dit. M. Darcey, cherchant, par excès de délicatesse, à diminuer l’importance du service rendu, j’ai reçu à deux ou trois reprises quelques bribes…

— Cette année encore ? demanda Yette, son œil clair fixé sur lui.

— Non… cette année, je n’ai rien reçu.

— Il faut donc que je me hâte, dit-elle en se levant avec énergie, comme si elle eût voulu courir droit à un but déterminé, il faut que je me mette en mesure de gagner ma vie, notre vie à toutes deux.

— Yette ! s’écria Mme Darcey avec un élan de bonté mal entendue, ne parlez pas ainsi. Une jeune fille de votre rang ne gagne pas sa vie