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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/334

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

lymnie, dont les grâces un peu apprêtées l’avaient fasciné à première vue.

Ils s’assirent à table l’un auprès de l’autre, et chacun remarqua que Polymnie l’avait mis fort à son aise, car il lui parlait sans désemparer. Elle riait et répondait gaiement comme si elle eût trouvé beaucoup d’esprit à son voisin. Jamais deux êtres plus dissemblables n’avaient paru s’entendre mieux. Yette en fit la remarque et dit un mot à l’oreille de son tuteur.

« Ma foi ! répondit celui-ci, mon gendre ne sera pas tout jeune, ni d’une distinction bien exquise ; mais sa femme s’appuiera du moins sur un bras solide, qui saura la redresser au besoin. Il faut cela pour Polymnie. En le choisissant elle fera preuve de sagesse. »

Mme Darcey offrit de magnifiques présents aux deux mariées. M. Darcey félicita Franz Mayer d’avoir cherché et trouvé la perle rare en la personne de Yette, cette admirable fille qui avait été pourtant une « terrible enfant ». Seule dans l’assistance, Mlle Aubry n’éprouvait pas une joie sans mélange, car celle se voyait obligée de renoncer à son projet d’association future avec sa chère élève ; mais Yette parvint à lui persuader que la modeste et intelligente Mlle Agnès s’entendrait