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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/37

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L’HABITATION DU MACOUBA.

les joues très rouges. Elle ne répondit rien, mais sa mère entendit, dans la demi-obscurité qui commençait à se répandre, un bruit de sanglots étouffés.

« Qu’as-tu ? » dit-elle.

Et comme Yette se taisait encore :

« Tu t’apitoies sur le sort de Skip ?

— Oui, répondit, la petite fille, éclatant tout à coup, et puis… — les larmes l’interrompirent pendant quelques secondes, — et puis, je me disais que j’avais envie de faire comme lui, que je ferais comme lui certainement tôt ou tard, parce que, moi aussi, je ne suis plus si bien aimée… et à cause de celle-ci ! » dit-elle en désignant sa petite sœur d’une main qui semblait prête à la frapper.

Mme de Lorme frissonna et devint toute pâle. Elle se contint cependant, remit le poupon dans son berceau, puis, attirant Yette sur ses genoux, elle la tint, à son tour étroitement pressée contre elle. En même temps elle lui parlait tout bas, s’efforçant de lui faire comprendre qu’elle s’abusait, que le nouveau don envoyé du ciel à ses parents ne lui faisait aucun tort, que, si l’on s’occupait davantage de la plus faible des deux, c’était par devoir, non par préférence.

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