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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/92

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

et la Porte-d’Enfer s’ouvre béante, noire comme la nuit.

Le bâton de cerceau s’évertuant à démontrer tout cela sans accompagnement de paroles, Yette ne comprenait pas très bien ; n’importe, elle admirait.

« Et, dit-elle, qu’y a-t-il donc dans les grands bois ?

— Je vais vous le dire, répliqua M. Desroseaux, arrivant au secours de Max qui s’embrouillait. D’abord, à chaque pas, on rencontre une cascade ou une petite rivière ; ensuite le chemin s’engage sous une voûte de feuillage qui ne vous laisse plus apercevoir le ciel ; les lianes sont impénétrables ; aucun autre bruit que le bruit du torrent qui coule parallèlement au chemin, ne frappe vos oreilles, mais celui-là suffit à les remplir. Brusquement, le lit de la rivière s’élargit sur une pente plus douce, et votre horizon s’élargit aussi ; le jour pénètre à travers les branches, les oiseaux se remettent à chanter, et la route sinueuse que vous suivez semble dessinée au milieu d’un parc.

— Oh ! s’écria Max en frappant dans ses mains, que vous contez bien cela, mon oncle ! Je crois y être ! Parlez donc à Yette des Deux-Choux !

— C’est, reprit M. Desroseaux que Yette