Aller au contenu

Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en [notre] temps de jeunesse), qu’au dehors, sur l’homme au trident,
nous risquerions nos jours ; et cela, nous le fîmes ainsi.
Nous avions une épée nue, lorsque tous deux nous nageâmes sur le bras de mer,
540 [une épée] dure en mains ; tous deux nous pensions à nous
défendre contre les baleines. Il ne put nullement
flotter loin de moi sur les vagues du flot
plus vite sur la crête d’eau ; je ne voulus pas le quitter.
Lors tous deux ensemble nous fûmes sur la mer
le laps de cinq nuits, jusqu’à ce que le flot nous sépara,
les lames bouillonnantes ; le plus froid des temps [survint],
la nuit tombante, et le vent du Nord
farouche se tourna [contre nous] ; rudes étaient les vagues.
Des poissons de la mer l’humeur était excitée ;
550 là contre les adversaires ma cotte d’armes de corps,
dure, jointe par la main, [me] fournit secours ;
mon armure tissée de bataille, ornée d’or,
recouvrait [ma] poitrine. Un ennemi tacheté
me tira vers le fond, il [me] tenait ferme,
farouche dans son étreinte ; cependant il me fut accordé
que j’atteignisse l’être prodigieux de [ma] pointe,
de [mon] glaive de bataille ; un assaut guerrier
vigoureux enleva par ma main la bête marine.


IX.


Ainsi souvent les [bêtes] malfaisantes me
560 pressèrent vivement. Je les servis
de ma bonne épée, comme il était séant ;
ils n’eurent aucunement joie du festin,
[ces] vils destructeurs, en ce qu’ils me dévorèrent,
assis autour du banquet, près du fond de la mer,
mais au matin, blessés d’estoc,
ils gisaient à la surface sur la laisse des vagues,
endormis par l’épée, en sorte que plus désormais
autour du profond chenal ils n’arrêtèrent en route
les voyageurs sur le courant de mer. La lumière vint de l’Est,
570 brillant signal de Dieu ; les courants de mer s’apaisèrent,
en sorte que je pus voir des promontoires,
des remparts battus du vent. La destinée sauve souvent
un comte non voué à la mort, quand son courage est vaillant.
Cependant il m’advint que je frappai de l’épée
neuf monstres de mer. Je n’ai pas entendu raconter de combat
de nuit plus dur sous la voûte du ciel,
ni [parler] d’homme plus en peine sur les courants océaniques.
Cependant je survécus à l’emprise de [mes] antagonistes,
lassé de l’aventure. Lors la mer me porta,