Page:Bergaigne - La religion védique d’après les hymnes du Rig-Veda.djvu/16

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gine, pour avoir quelque chance de s’entendre ensuite dans le classement chronologique des hymnes et des idées qui y sont exprimées. Si l’ordre suivi dans mon index des idées est, comme je le crois, le mieux approprié à son principal objet, qui est d’éclairer les textes mêmes par la comparaison et la coordination, il est par cela même justifié.

Quant aux « limites » de ce travail, ce sont celles du recueil même du Rig-Veda. Ces limites auraient été évidemment trop étroites pour un travail où l’on se serait proposé uniquement de tracer un tableau de la religion védique. Mais on ne fait guère d’index que d’un seul ouvrage. Un travail de ce genre, pour être complet dans ses détails[1] doit être restreint dans son étendue.

Tel qu’il est pourtant, composé de fragments de textes rapprochés dans un esprit évident et avoué de systématisation et empruntés aux seuls hymnes du Rig-Veda, ce livre présentera, je l’espère, une image assez fidèle de la religion védique. Cette image sera notablement différente de celle qu’en présente par exemple la traduction complète du Rig-Veda de M. Grassmann, qui peut être considérée comme le couronnement du travail d’exégèse commencé par M. Roth et continué dans le même esprit par M. Grassmann lui-même[2]. Avertissons-en tout de suite le lecteur : elle lui paraîtra sans doute moins séduisante, et sera en tout cas beaucoup moins simple.

En deux mots, voici le principe du différend. MM. Roth et Grassmann ne craignent pas, pour simplifier le sens des hymnes, de compliquer souvent le vocabulaire[3] : j’essaie au

  1. Bien entendu, un index des idées ne peut être complet à la manière d’un index des mots. J’ai fait en sorte que celui-ci le fut dans la mesure que comporte la délicatesse d’une pareille tâche. Inutile de dire que le dépouillement des hymnes a été intégral. J’ai même recommencé plusieurs fois ce dépouillement. Malheureusement le travail de rédaction, entrepris depuis plusieurs années, a été différentes fois et longtemps interrompu. Il en a été de même de l’impression, commencée d’ailleurs avant que la rédaction de toutes les parties fût achevée. J’aurais certainement pu, en travaillant dans de meilleures conditions, rendre cette publication moins imparfaite. Faute de plus de loisirs et de suite dans le travail de rédaction et de correction des épreuves, elle pourra me faire moins d’honneur sans que l’utilité qu’elle pouvait offrir pour le progrès des études védiques en soit sensiblement diminué. C’est ce qui m’a décidé à ne pas l’ajourner indéfiniment.
  2. Elle le sera plus encore de celle dont on pourrait trouver les traits disséminés dans les travaux mythologiques de M. Max Müller. Mais il est entendu que je ne fais de polémique que contre les deux lexicographes.
  3. La querelle entre eux et moi portera le plus souvent sur l’hypothèse d’un