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Page:Bergerat - Les Cuirassiers de Reichshoffen, 1870.djvu/12

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L’ombre tombait ! La lune, au sein du hurlement,
Comme un boulet perdu troua le firmament,
La ligne reforma ses carrés dans la plaine,
Et frémissante encor, l’épée en main, sans bruit,
Tandis que l’ennemi se massait dans la nuit,
Elle tourna les yeux vers son grand capitaine.

Mac-Mahon fit venir ses cuirassiers au pas…
Apprenez-moi des mots qui ne périssent pas !
J’ai besoin… j’ai besoin d’une langue immortelle !…
— Vous voyez, leur dit-il, là-bas, ces mamelons !
C’est là qu’on se repose !… Allez ! et soyez longs !…
— Mais, fit le colonel, la route ?… où donc est-elle ?

— Colonel, répondit Mac-Mahon, la voilà !…
Et quand ce chef la vit, son regard se voila.
— Ah ! je comprends, dit-il, je n’ai plus qu’à la faire !…
Combien sont-ils ?… — Ils sont sans nombre !… — C’est la mort ?…
— Oui ! — J’y vais ! maréchal, dit-il avec effort ;
Voulez-vous me donner la main, car je suis père.