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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/376

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« En 1872 — je ne gouvernais pas ma raison alors — je me suis marié, et, pour cette cause, on m’a privé de ma liberté pendant plus de deux lunes. Mais j’étais sans colère et sans ressentiment, et, dans ma prison, j’ai écrit un livre qui vous fera connaître quelques usages de mon pays, lointain comme les étoiles.

« Le même soleil nous éclaire, le même ciel nous abrite ; soyez pour moi comme des frères qui vivent sous le même toit, à la même clarté.

« Khoung-Fou-Tseu a dit : Pou-toun-kiao-toun-li. — Les religions sont diverses, la raison est une.

« Le cœur aussi.

« Que votre oreille daigne écouter mes paroles avec bonté.

« 25 juin 1875.
« Tin-Tun-Ling,
« de la province de Chang-Si. »


Telle est, exactement reproduite, la courte préface inscrite en tête du roman chinois La Petite Pantoufle, édité par la librairie de l’Eau-Forte, que dirigeait Richard Lesclide, secrétaire de Victor Hugo. Peut-être jugera-t-on, comme moi, qu’elle vaut d’être conservée, d’abord parce que le livre est un merle blanc de librairie, et ensuite parce qu’elle fait entendre un cri émouvant de déraciné.

Pareillement aux albums-livres de Ho-Kou-Saï et des autres illustrateurs-poètes chinois, ou japonais, La Petite Pantoufle est imprimée sur papier de bambou, sous couverture de toile jaune, brochée sans dos à fils de soie visibles et de façon à être lue de