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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/411

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nous vient, avec son Z fatidique, comme Z. Marcas et Balzac lui-même.

Tel avait été le pronostic. L’arrêt en avait dans sa bouche une importance majeure et considérable. Pour mener à bien l’œuvre énorme qu’il projetait, Émile Zola désirait en effet traiter avec un éditeur, sur le pied d’une mensualité qui lui assurerait la vie matérielle en le dégageant du journalisme alimentaire. Georges et Maurice Dreyfous, devenu son associé, hésitaient encore à conclure cet arrangement, assez aventureux, en somme, malgré la réputation grandissante du débutant et son énergie dont l’orgueil lui luisait au binocle. Ils avaient décidé d’en référer au critique, comme le poète, impeccable, et d’en décider sur son jugement.

Il avait été résolument favorable.

— Marchez, avait-il dit, l’affaire est sûre.

Et il avait ajouté avec un sourire ironique d’augure :

— Dites-lui de ma part de ne pas exagérer le romantisme.

C’était pour remercier le poète d’une intervention qui lui ouvrait la carrière que, conduit par Maurice Dreyfous, Émile Zola était venu à Neuilly.

Comme il amassait dès cette époque les matériaux du roman qu’il voulait consacrer aux Halles (Le Ventre de Paris), il avait combiné l’heure de sa visite de façon à pouvoir assister, en sortant, à l’arrivage des voitures de maraîchers, qui défilent, à l’aube, sur le pont, chargées des denrées de la banlieue. Il comptait exécuter ce tableau pittoresque d’après nature.

De onze heures du soir à trois heures du matin, il