Aller au contenu

Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

geantes. C’est de cette façon, celle du génie, qu’il était bon, et elle est la bonne, en dépit des « combat-pour-lavistes » chauves. Mais où vais-je me perdre ?

Peut-on comprendre qu’un homme adore la femme et abhorre les femmes ? Si on ne peut pas le comprendre, il est inutile de chercher à se rendre compte de la bonté que j’exalte et qui fut la force et l’attrait de mon illustre ami. Cette anomalie d’aimer un type et d’en mépriser les effigies n’est peut-être qu’une douleur de gens heureux, mais elle vaut toutes celles dont on meurt. Probablement vous m’entendrez mieux si je vous dis que l’on peut éprouver à la fois devant un pauvre le zèle et l’horreur de la charité. Cette contradiction est tout un martyre. Mais c’est de ce martyre qu’il faut décrocher la palme pour avoir le droit de se croire un bon. On ne l’est pas pour s’être soulagé de l’angoisse par une aumône : on l’est si, l’âme tordue par le phénomène intime de la misère, on fustige de mots féroces les responsables de cette misère, ou si on flétrit la calamité honteuse dans une comédie dont quinze cents personnes entendent le rude verbe tous les soirs, ou encore si on communique à un ami dix lignes de tristesse comme celles qui sont en tête de ce chapitre, tout simplement.

Il me semble bien que ceux qui les y liront ne résisteront guère à convenir qu’Alexandre Dumas fils fut un bon, et j’espère que les plus pieuses délicatesses ne s’offusqueront point du jour violent dont je les éclaire. Quant à ce qui est d’avoir couramment rendu mille et un services à des passants du voyage