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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/183

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Théodore Rousseau de grande marque y feraient bien au-dessus d’une crèche que je vois d’ici en vous parlant. — Le jeune bonimenteur amène allait s’enfuir, je le retins par la basque : — Ou un seul Corot, à votre préférence, lui glissai-je, énigmatique et désinvolte.

Je revois souvent, sur les boulevards, par la grande baie de son magasin de pièces d’art, comme à travers le mur de cristal de Merlin l’Enchanteur, le charmant garçon, aujourd’hui quinquagénaire, hélas, à qui je fis si peur par mes discours murgériens. Il est devenu grave, c’est la vie, et millionnaire, c’est le sort, mais au sourire froid dont il répond au mien, entre ses bronzes, je comprends qu’il n’est pas encore, au bout de trente-cinq ans, rassuré sur la liberté que les aliénistes me laissent et qu’on n’oublie pas dans le commerce, les coups, fussent-ils platoniques, du Corot à l’œil pour ajoupas de vers à soie.

Pouvait-il savoir que la charge se basait sur un précédent de féerie dont nous étions tous troublés au Parnasse ? En acquérant à Ville-d’Avray la maison des champs du poète Étienne, l’auteur des Deux Gendres, notre éditeur y avait trouvé, par-dessus compte, sur les murs humides d’un petit kiosque rustique quatre fresques authentiques du maître dont le prix suffisait, et par delà, à le rembourser de tout le domaine. Désemmurées et entoilées, elles valaient en papier-soleil le poids spécifique du kiosque même et il pouvait en sus, garder le pavillon pour y bénir les dieux qui n’en avaient que pour lui. — Il marche dans nos vers, disait Verlaine.

— Monsieur Francis Petit ? rompis-je.

— Il est bien occupé… Est-ce à lui-même que vous avez affaire ?…