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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/208

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Gérôme. — Tiens, c’est gentil, ici. C’est-il cela les Gabourets ? (Il regarde les nymphes.)

Trouillebert (enchaîné). — Demande à M. Dumas. Il a la spécialité.

Alexandre Dumas. (Il baisse la tête.)

Chœur des experts. — Ne pourrions-nous savoir, monsieur Gérôme, ce que vous pensez du tableau, ce que votre arbitrage en décide, et à qui vous en fixez la paternité ? Nous buvons vos paroles, à cause des dix-sept mille francs ; car, s’il est de M. Trouillebert, nous serons forcés de rendre l’argent, et s’il est de Corot, M. Alexandre Dumas aura fait une bonne affaire et il nous gardera sa précieuse pratique.

Trouillebert (enchaîné). — Adsum, adsum, qui feci !

Gérôme. — Si tu parles latin, je dis que c’est de toi. (Il reprend la toile et remet son binocle.) Comme dessin, c’est du gâchis, d’abord. Les Gabourets ne sont pas d’aplomb sur leurs jambes ; les rotules sont mal emmanchées, et au point de vue anatomique, rien n’est en place. Et d’une !

Trouillebert (enchaîné). — Dis donc, toi, là-bas ?

L’ombre de Corot. — Mais les valeurs, monsieur Gérôme, les rapports de tons, les passages, l’enveloppe aérienne ?

Gérôme (regardant de tous côtés). — Qui est-ce qui parle du nez, par ici ? On a donc lâché les critiques ?

Chœur des experts. — Oui, les valeurs, cher maître ?

Gérôme. — Des valeurs ? Connais pas. Je suis peintre. J’arrive du désert. Les valeurs ? C’est l’af-