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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/86

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tes os, mon bonhomme. Très spirituel et bon enfant, Vacquerie, et beaucoup de verve. On va donner dans la politique. Voici Louis Blanc : « Ce sont ces diables d’omnibus ! » Neuf heures passées.

Ma foi ! Jules Simon la danse. Je ne sais pas ce qu’il a fait. Je crois qu’il s’est opposé à l’article 7. Toujours est-il que son caractère clérical est unanimement désapprouvé.

« Pendant que j’étais en exil, conte Louis Blanc, M. Jules Simon, sollicité de prêter serment à l’Empire pour être député, me dépêcha l’un de ses amis, nommé, je crois, Tricoche, afin de me prier d’écrire une lettre sur le serment politique, et comme quoi un bon républicain devait refuser de le prêter. Il désirait s’abriter sous mon opinion qui, paraît-il, avait quelque autorité dans la matière. Je fais la lettre, je l’envoie, et j’apprends que M. Simon venait de prêter le serment.

— Au dîner du Congrès littéraire, repart Vacquerie, il se faisait tout petit, et se perdait, modeste quoique ostensible, dans la foule. On le reconnaît, on le presse de prendre la parole : il s’esquive, se récuse, glisse entre les bancs. Alors on le laisse tranquille. Voyant cela, il bondit à la tribune et il l’occupe cinq heures !

— Le caractère, dit gravement Victor Hugo, n’est point égal au talent chez cet homme d’ailleurs remarquable et que j’ai beaucoup aimé. Mais il a rendu de grands services à la bonne cause. »

Quelle chose amusante, bizarre et unique que la causerie française ! Voici maintenant qu’on reparle de Zola, puis c’est Neftzer qui traverse le kaléidoscope, et puis Delescluze.