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Page:Bergson - La Pensée et le Mouvant.djvu/61

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commun, sinon d’être des états que l’homme recherche : l’humanité aura classé ces choses très différentes dans un même genre, parce qu’elle leur trouvait le même intérêt pratique et réagissait à toutes de la même manière. Supposez, d’autre part, qu’on aboutisse à un résultat analogue en analysant l’idée de bonheur. Aussitôt le problème s’évanouit, ou plutôt se dissout en problèmes tout nouveaux dont nous ne pourrons rien savoir et dont nous ne posséderons même pas les termes avant d’avoir étudié en elle-même l’activité humaine sur laquelle la société avait pris du dehors, pour former les idées générales de plaisir et de bonheur, des vues peut-être artificielles. Encore faudra-t-il s’être assuré d’abord que le concept d’« activité humaine » répond lui-même à une division naturelle. Dans cette désarticulation du réel selon ses tendances propres gît la difficulté principale, dès qu’on a quitté le domaine de la matière pour celui de l’esprit.


C’est dire que la question de l’origine et de la valeur des idées générales se pose à l’occasion de tout problème philosophique, et qu’elle réclame dans chacun des cas une solution particulière. Les discussions qui se sont élevées autour d’elle remplissent l’histoire de la philosophie. Peut-être y aurait-il lieu de se demander, avant toute discussion, si ces idées constituent bien un genre, et si ce ne serait pas précisément en traitant des idées générales qu’il faudrait se garder des généralités. Sans doute on pourra sans difficulté conserver l’idée générale d’idée générale, si l’on y tient. Il suffira de dire que l’on convient d’appeler idée générale une représentation qui groupe un nombre indéfini de choses sous le même nom : la plupart des mots correspondront ainsi à une idée générale. Mais la question importante pour