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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/238

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complir. Puis le retour d’Agathe à la vie, sa tendre exclamation ô Max ! les vivat du peuple, les menaces d’Ottokar, l’intervention religieuse de l’ermite, l’onction de sa parole conciliatrice, les instances de tous ces paysans et chasseurs pour obtenir la grâce de Max, noble cœur un instant égaré ; ce sextuor où l’on voit l’espérance et le bonheur renaître, cette bénédiction du vieux moine qui courbe tous ces fronts émus et, du sein de la foule prosternée, fait jaillir un hymne immense dans son laconisme ; et enfin ce chœur final où reparaît pour la troisième fois le thème de l’allegro de l’air d’Agathe, déjà entendu dans l’ouverture ; tout cela est beau et digne d’admiration comme ce qui précède, ni plus ni moins. Il n’y a pas une note qui ne soit à sa place, et qui puisse être supprimée sans détruire l’harmonie de l’ensemble. Les esprits superficiels ne seront pas de cet avis peut-être, mais pour tout auditeur attentif la chose est certaine, et plus on entendra ce finale plus ou en sera convaincu.

Quelques années après cette mise en scène du Freyschütz à l’Opéra, pendant que j’étais absent de Paris, le chef-d’œuvre de Weber, raccourci, mutilé de vingt façons, a été transformé en lever de rideau pour les ballets ; l’exécution en est devenue détestable, scandaleuse même ; se relèvera-t-elle jamais ?… On ne peut que l’espérer.