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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/41

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IV

SYMPHONIE EN SI BÉMOL

Ici Beethoven abandonne entièrement l’ode et l’élégie, pour retourner au style moins élevé et moins sombre, mais non moins difficile, peut-être, de la seconde symphonie. Le caractère de cette partition est généralement vif, alerte, gai ou d’une douceur céleste. Si l’on en excepte l’adagio méditatif, qui lui sert d’introduction, le premier morceau est presque entièrement consacré à la joie. Le motif en notes détachées, par lequel débute l’allegro, n’est qu’un canevas sur lequel l’auteur répand ensuite d’autres mélodies plus réelles, qui rendent ainsi accessoire l’idée en apparence principale du commencement.

Cet artifice, bien que fécond en résultats curieux et intéressants, avait été déjà employé par Mozart et Haydn, avec un bonheur égal. Mais on trouve dans la seconde partie du même allegro, une idée vraiment neuve, dont les premières mesures captivent l’attention, et qui après avoir entraîné l’esprit de l’auditeur dans ses développements mystérieux, le frappe d’étonnement par sa conclusion inattendue. Voici en quoi elle consiste : après un tutti assez vigoureux, les premiers violons morcelant le premier thème, en forment un jeu dialogué pianissimo avec les seconds violons, qui vient aboutir sur des tenues de l’accord de septième dominante du ton de si naturel ; chacune de ces tenues est coupée par deux mesures de silence, que remplit seul un léger trémolo de timbales sur le si bémol, tierce majeure enharmonique du fa dièze fondamental. Après deux apparitions de cette nature, les timbales se taisent pour laisser les instruments à cordes murmurer doucement d’autres fragments du thème, et arriver, par une nouvelle modulation