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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/62

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celui de tous les lieux communs pour lequel Beethoven avait le plus d’aversion : par la cadence italienne ? Au moment où la conversation instrumentale des deux petits orchestres, à vent et à cordes, attache le plus, l’auteur, comme s’il eût été subitement obligé de finir, fait se succéder en tremolo, dans les violons, les quatre notes, sol, fa, la, si bémol (sixte, dominante, sensible et tonique), les répète plusieurs fois précipitamment, ni plus ni moins que les Italiens quand ils chantent Felicità, et s’arrête court. Je n’ai jamais pu m’expliquer cette boutade.

Un menuet avec la coupe et le mouvement des menuets d’Haydn remplace ici le scherzo à trois temps brefs que Beethoven inventa, et dont il a fait dans toutes ses autres compositions symphoniques un emploi si ingénieux et si piquant. À vrai dire, ce morceau est assez ordinaire, la vétusté de la forme semble avoir étouffé la pensée. Le finale, au contraire, étincelle de verve, les idées en sont brillantes, neuves et développées avec luxe. On y trouve des progressions diatoniques à deux parties en mouvement contraire, au moyen desquelles l’auteur obtient un crescendo d’une immense étendue et d’un grand effet pour sa péroraison. L’harmonie renferme seulement quelques duretés produites par des notes de passage, dont la résolution sur la bonne note n’est pas assez prompte, et qui s’arrêtent même quelquefois sur un silence.

En violentant un peu la lettre de la théorie, il est facile d’expliquer ces discordances passagères ; mais, à l’exécution, l’oreille en souffre toujours plus ou moins. Au contraire, la pédale haute des flûtes et des hautbois sur le fa, pendant que les timbales accordées en octave martèlent cette même note en dessous, à la rentrée du thème, les violons faisant entendre les notes ut, sol, si bémol de l’accord de septième dominante, précédées de la tierce fa, la, fragment de l’accord de tonique, cette note tenue à l’aigu, dis-je, non autorisée par la théorie, puisqu’elle n’entre pas toujours dans l’harmonie, ne choque point du tout ; loin de là, grâce à l’adroite disposition des ins-