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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/121

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C’est la saison !

Mais, cette époque de l’année une fois passée, si après une longue abstinence et en proie à une ardente soif, vous cherchez à boire une coupe de pure harmonie ; impossible !

Ce n’est pas la saison.

On vous parle d’un chanteur, on vante sa voix et sa méthode ; vous allez l’entendre. Il n’a ni voix ni méthode.

Ce n’est pas la saison.

Arrive un violoniste précédé d’un certain renom. Il se dit élève de Paganini, comme de coutume ; il exécute, dit-on, des duos sur une seule corde, et, qui plus est, il joue toujours juste et chante comme un cygne de l’Éridan. Vous allez plein de joie à son concert. Vous trouvez la salle vide ; un mauvais piano vertical remplace l’orchestre pour les accompagnements ; le monsieur n’est pas seulement capable d’exécuter proprement un solo sur ses quatre cordes, il joue faux comme un Chinois et chante comme un cygne noir d’Australie.

Ce n’est pas la saison.

Pendant les longues soirées de château (en hiver pour les Anglais, en été pour les Français), l’annonce d’une fête musicale organisée avec pompe dans une ville voisine vient tout d’un coup faire dresser les oreilles à une société d’amateurs passionnés pour les grands chefs-d’œuvre et auxquels le chant individuel et le piano ne suffisent pas. Vite on envoie retenir des