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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/133

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— Je ne sais.

— Si j’en revenais à mon air de Mozart ?

— Vous feriez sagement.

— En ce cas répétons-le.

— Avec quoi ? Nous n’en avons plus la musique ; d’après vos ordres, on l’a rendue au théâtre de Carlsruhe. Il faut de la musique pour l’orchestre, quand on veut que l’orchestre joue. Les chanteurs inspirés oublient toujours ces vulgaires détails. C’est bien matériel, bien prosaïque, j’en conviens ; mais enfin cela est. »

À la répétition suivante, les parties d’orchestre de l’opéra de Mozart ont été rapportées ; tout est de nouveau en ordre. Les programmes sont refaits, l’affiche est recorrigée. Le chef annonce aux musiciens qu’on va répéter l’air de Mozart, on est prêt. La cantatrice alors s’avance et dit avec cette grâce irrésistible qu’on lui connaît :

« J’ai une idée, je chanterai l’air du Domino noir.

— Oh ! ah ! ha ! haï ! psch ! krrrr !… Monsieur le cappel-meister, avez-vous dans votre théâtre l’opéra que dit madame ?

— Non, monsieur.

— Eh bien, alors ?

— Alors il faudra donc me résigner à l’air de Mozart ?

— Résignez-vous, croyez-moi. »

Enfin on commence ; la cantatrice s’est résignée au chef-d’œuvre. Elle le couvre de broderies ; on pouvait