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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/136

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mais voulu m’admettre à l’Opéra, et vous me rendriez, monsieur, le plus heureux, monsieur, des hommes, monsieur, si…

— Ah ! vous aviez des dispositions pour entrer dans la police espagnole ?

— La police ? Comment ?

— Certainement, vous avez voulu prendre place parmi les cors de l’Opéra ; ceux qui sont parvenus à cette dignité ont toujours fini par répondre quand on leur a demandé s’il était vrai qu’ils fussent à notre Académie de Musique : Oui, j’y suis cor et j’y dors. Mais assez de philosophie. (Et tendant au pauvre diable un napoléon sur un billet de concert.) Voilà votre affaire !

— Vous me donnez vingt francs, monsieur ?

— N’avez-vous pas vu annoncer dans les papiers publics, ne vous a-t-on pas dit, ne m’avez-vous pas répété vous-même tout à l’heure qu’on vous avait dit que l’on disait qu’on obtenait de moi un billet de concert avec vingt francs ? Eh bien ! n’avez-vous pas l’un et les autres ? Que prétendez-vous ? Vingt francs, cela n’est peut-être pas suffisant, à votre avis ? Peste ! vous êtes un drôle de cor !

— Mais, monsieur…

— Assez ! vous veniez me dévaliser ! lui crie Vivier d’une voix terrible ; sortez d’ici, ou j’appelle la maréchaussée et je vous fais traîner à la Bastille !