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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/169

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sont fort bien joués et chantés par Montjauze et Mlle Duprez. C’est vif, gai, émaillé de mélodies gracieuses, de scènes ingénieusement traitées, et la partition est finement instrumentée. Comme il me paraît impossible que cet ouvrage, après l’accueil qu’on lui a fait à Bade, ne soit pas très-prochainement représenté à Paris, je n’en dirai rien de plus cette fois-ci.

Puis le concert organisé par les soins de M. Bénazet au bénéfice des inondés de France ; longs préparatifs. Je dois aller le matin à Carlsrhue faire répéter les artistes de la chapelle ducale, revenir dans l’après-midi pour la répétition de ceux de Bade ; le soir, mettre en ordre la musique arrivée de Strasbourg et d’ailleurs, donner ses instructions au charpentier pour la construction de l’estrade, etc., etc. La veille du concert, grande affluence au salon de conversation : j’y trouve des amis allemands venus de Berlin et de Weimar, de célèbres amateurs de musique russes, anglais, suisses et français, des artistes renommés de Paris, des membres de l’Institut de Paris, des confrères de la presse de Paris. Le concert a lieu devant ce public d’élite ! Dix mille six cents francs de recette ; exécution d’une rare beauté ; le délicieux chœur de Carlsruhe admirablement instruit par son habile chef, M. Krug ; l’orchestre irréprochable ; Mme Viardot étincelante de brio et d’humour musicale dans ses mazurkas de Chopin, dans ses airs espagnols, dans la cavatine de la Sonnambula, voire même dans son gros air de Graun ; Mlle Duprez, touchante et naïve dans le beau morceau d’Iphigénie en Aulide :