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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/18

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quand par hasard le compositeur leur en donne à compter. Ils jouent dans les ouvertures, dans les airs, duos, trios, quatuors, morceaux d’ensemble, ils accompagnent vos chœurs ; un administrateur de l’Opéra voulait même les faire jouer dans les chœurs sans accompagnement, prétendant qu’il ne les payait pas pour se croiser les bras.

Et vous savez comme on les paye !  !…

Ils ne changent pas de costume toutes les demi-heures, c’est encore vrai ; mais l’obligation où ils sont depuis peu de se présenter à l’orchestre en cravate blanche est ruineuse pour eux. Il y a de nos pauvres confrères musiciens de l’Opéra qui touchent, dit-on, environ 66 fr. 65 c. par mois. À quatorze représentations par mois, cela ne fait pas 5 fr. par séance de cinq heures ; c’est un peu moins de vingt sous par heure, moins que l’heure d’un fiacre. Et maintenant ils se trouvent grevés de frais de toilette. Il leur faut au moins sept cravates blanches par mois, en supposant qu’ils sachent en retourner adroitement quelques-unes pour les faire servir plusieurs fois. Et ces frais de blanchissage finiront avec le temps par produire une somme assez ronde. Combien coûte en effet le blan-