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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/20

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Lesquels 186 fr., prélevés sur le budget d’un malheureux violoniste père de famille, peuvent le mettre dans l’atroce nécessité de recourir à sa dernière cravate pour se pendre.

L’existence des musiciens d’orchestre est donc semée d’à peu près autant de roses que celle des artistes des chœurs ; les uns et les autres peuvent se donner la main.

Quoi qu’il en soit, je serais heureux, je vous le jure, de bercer un temps votre ennui (pour parler comme l’Oronte de Molière) ; mais la gaieté de mes anecdotes est fort problématique, et je n’oserais céder à vos amicales instances, si les choses les plus tristes n’avaient si souvent un côté bouffon. Vous connaissez le mot de ce condamné à mort, disant de sa voix rauque à la femme éplorée venue pour lui faire ses derniers adieux et le suivre jusqu’au lieu du supplice : « Tu n’as donc pas amené l’petit ? — Ah ! mon Dieu ! quelle idée ! pouvais-je lui montrer son père sur l’échafaud ? — T’as eu tort, ça l’aurait amusé, c’t enfant. »

Or, voici un opuscule dont je ne puis trop bien distinguer le caractère ; je le nommerai à tout hasard : Les Grotesques de la musique, bien qu’il y ait par-ci