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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/256

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première représentation de cette reprise serait un plaisir digne de l’Olympe.

Ce qui n’empêchera pas le nom de Pergolèse de rester un nom illustre pendant longtemps encore ; tandis qu’un autre Italien qui possédait réellement au plus haut degré le don de la mélodie expressive et facile, Della Maria, qui écrivit pour le théâtre Feydeau de si charmantes petites partitions dont la grâce est encore fraîche et souriante, est à peu près oublié maintenant. On connaît ses jolis airs, on ignore son nom.

Rousseau, Diderot, le baron de Grimm, Mme d’Epinay et toute l’école philosophique du siècle dernier ont vanté Pergolèse, et aucun philosophe de notre siècle n’a parlé de Della Maria. C’est la cause… Ah ! jeunes élèves ! jeunes maîtres ! jeunes virtuoses ! jeunes compositeurs ! membres et lauréats de l’Institut, profitez de l’exemple, tâchez de ne pas vous mettre mal avec nous autres philosophes du temps présent ; gardez-vous de notre malveillance, ne faites rien pour nous blesser. Si vous donnez des concerts, n’allez pas oublier de nous y faire assister, et qu’ils ne soient pas trop courts ; invitez-nous à vos répétitions générales, à vos distributions de prix ; ne négligez pas de venir à domicile nous chanter vos romances, nous jouer vos messes et vos polkas. Car il n’y a pas de philosophie qui tienne, nous nous vengerions en refusant à votre nom une place dans nos œuvres sublimes ; nous vous ferions la guerre du silence, la pire de toutes les guerres, souvenez-vous-en. Plus de gloire, plus d’immor-