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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/272

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tolérer. Les chœurs du théâtre m’avaient été assez tièdement recommandés ; mais, en revanche, je connaissais de nom la Société Trotebas, académie de chant d’hommes que la mort récente de son fondateur n’avait point détruite, et qui me vint en aide de la meilleure grâce, et fit, avec beaucoup de soin et de patience, de fort longues répétitions. Cette société, célèbre à juste titre dans le Midi, est composée de soixante membres, peu lecteurs, il est vrai, mais doués d’un instinct musical remarquable, de voix franches, sonores et d’un beau timbre. Ces messieurs exécutèrent plusieurs morceaux avec verve et un sentiment des nuances digne des plus grands éloges. Quant aux soprani, qui étaient ceux du chœur du théâtre, je fus obligé, pendant le concert, pour mettre un terme à leurs gémissements, de leur dire, avant de commencer un morceau où ils n’ont qu’à doubler à l’octave les ténors : « Mesdames, il y a une faute de copie dans vos parties de chant : il y manque, au début, trois cents pauses, veuillez les compter en silence, avec attention. » Il va sans dire que le morceau fut fini avant la trois-centième mesure, et qu’ainsi ces dames ne gâtèrent rien. Alizard eut les honneurs du chant.

Il y avait dans la salle à peu près huit cents personnes ; mais Méry s’y trouvait, ce qui portait pour moi la somme des gens d’esprit et de goût réunis à deux mille tout au moins. L’auditoire fut attentif et souvent fort chaleureux ; mais quelques parties de programme n’en soulevèrent pas moins, comme toujours en France,