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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/37

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(Les cieux immenses racontent la gloire du grand Dieu ! ) mais dont la musique, pleine de jovialité et de rondeur, sans se soucier des merveilles de la création, dit tout bonnement ceci :

Ah ! quel plaisir de boire frais,

xxDe se farcir la panse !
Ah ! quel plaisir de boire frais,
Assis sous un ombrage épais,

xxEt de faire bombance !

— des variations pour le basson sur l’air : Au clair de la lune, célèbres pendant vingt ans, et qui firent la fortune de l’auteur.

Enfin, une très-fameuse symphonie (en ), dont Gyrowetz n’est pas coupable.

Ce mirobolant programme une fois arrêté, l’orchestre conspirateur se réunit pour une répétition préliminaire. Quelle matinée !… Inutile de dire qu’on ne vit pas la fin de l’expérience. L’ouverture de la Rosière produisit son effet extraordinaire ; le final : « Viens ! suis-moi, » alla jusqu’au bout, au milieu des transports joyeux des exécutants, mais l’hymne :

Ah ! quel plaisir de boire frais !
ne put être achevé : on se tordait, on tombait à terre, on renversait les pupitres, le timbalier avait crevé la peau d’une de ses timbales ; il fallut renoncer à aller plus avant. Enfin, ce qui restait de gens à peu près sérieux dans l’orchestre fut réuni en conseil, et la majorité déclara ce concert impossible, assurant qu’il en