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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/41

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ce prétendu dérangement n’est pas une exaltation sublime, un développement exceptionnel de l’intelligence et de la sensibilité…

Pour les autres, pour les vrais grotesques, évidemment la musique n’a point contribué au désordre de leurs facultés mentales, et si l’idée leur est venue de se vouer à la pratique de cet art, c’est qu’ils n’avaient pas le sens commun. La musique est innocente de leur monomanie.

Pourtant Dieu sait le mal qu’ils lui feraient si cela dépendait d’eux, et si les gens acharnés à démontrer à tout venant, en tout pays et en tout style, qu’ils sont Jupiter, n’étaient pas reconnus de prime abord par le bon sens public pour des monomanes !

D’ailleurs, il y a des individus qu’on honore beaucoup en les plaçant dans la classe des esprits dérangés ; ils n’eurent jamais d’esprit ; ce sont des crânes vides, ou du moins vides d’un côté ; le lobe droit ou le lobe gauche du cerveau leur manque, quand les deux lobes ne leur manquent pas à la fois. Le lecteur fera sans peine le classement des exemples que nous allons citer et saura distinguer les fous des hommes simplement… simples

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Il s’est trouvé un brave musicien, jouant fort bien du tambour. Persuadé de la supériorité de la caisse claire sur tous les autres organes de la musique, il écrivit, il y a dix ou douze ans, une méthode pour cet instrument et dédia son ouvrage à Rossini. Invité à me