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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/65

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sans savoir lequel était touché le premier, le second, etc. ; et leurs notes consultées ensuite, et les numéros rapprochés du nouveau numéro d’ordre dans lequel on venait de les faire entendre, il se trouva, en fin de compte, que les suffrages s’étaient répartis de la même façon sur les mêmes instruments qu’à la première épreuve, tant les qualités de chacun étaient tranchées. Ce fait est l’un des plus curieux de ce genre que l’on puisse citer ; il prouve d’ailleurs le soin minutieux avec lequel le jury s’est acquitté de sa tâche.

Après chaque séance, le résultat des votes était consigné dans le procès-verbal ; un membre du jury allait découvrir les noms cachés par la plaque de carton, écrivait ces noms avec les numéros auxquels ils correspondaient, et sa déclaration, jointe au procès-verbal, était enfermée dans une enveloppe cachetée et revêtue du timbre du Conservatoire.

C’est pourquoi, pendant les longues semaines consacrées à l’examen des pianos, personne, pas même les membres du jury (excepté un), ne connaissant le nom des facteurs classés, aucun de ceux-ci n’a pu réclamer, ni se plaindre, ni venir nous dire : « Monsieur, je n’ai pas démérité, etc. »

La même marche a été suivie pour les pianos à queue petit format, pour les pianos carrés et pour les pianos droits. Nous avons la satisfaction d’annoncer qu’aucun juré n’a succombé par suite de cette épreuve, et que la plupart d’entre eux sont aujourd’hui en convalescence.