Aller au contenu

Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Sicile, qu’on luy voloit ce cœur qu’on ne luy donnoit pas quand elle l’avoit ſi bien merité. Elle ne pouvoit eſtre contente de celuy qui le donnoit à une autre. La Princeſſe de Mantouë vous envoye-t’elle icy, luy dit Federic d’un ton fort ſec ? Amaldée ſans luy repondre là deſſus, luy demanda ſeulement ce qu’il en trouvoit, & ſi elle n’eſtoit pas belle ; je ne l’ay pas aſſez remarquée, luy repondit-il ſur ſon premier ton, je crains bien, luy repartit Amaldée avec aſſez d’aigreur à ſon tour, que vous ne l’ayez trop veuë pour voſtre repos, & pour le mien ; & cette affectation de ne point parler d’elle, me paroiſt une crainte d’augmenter ma tendreſſe en loüant la Princeſſe qui l’a fait naiſtre. Federic eſtoit ſi confus, & ſi deſeſperé de luy voir tant d’emportement, qu’il n’eut pas le courage de luy repondre, & Amaldée ſe confirma de plus en plus dans le ſoupçon qu’il fut devenu amoureux de ſa Maiſtreſſe ; il s’en fâcha ſans démeſler ſes propres penſées, il luy ſembla qu’il ne s’inquietoit guere qu’elle aimaſt Federic, & il ne pouvoit ſouffrir qu’elle en fut aimée. Je me trompe, diſoit-il, & la