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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/157

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euës pour luy, ainſi ils paſſerent tous trois une fort méchante nuit. La Princeſſe de Mantoüe avoit eſté ſi ſurpriſe de la perfidie de Federic, que d’abord elle n’avoit pas ſongé qu’Amaldée luy eſtoit plus fidelle. L’eſprit attaché ſur ſon mal-heur, ne luy permettoit point de veües agreables ; il eſt bien difficile au moment qu’une forte paſſion ſe voit trahie, de penſer à en faire naître une autre, elle n’y ſongea que quand Federic voulut agir avec elle à l’ordinaire : elle ſe reſolut tout d’un coup de ſe vanger, elle penſa que le Prince de Sicile eſtoit glorieux, & qu’il ſeroit fâché qu’on luy enlevaſt ſa conqueſte ; quand on en perd une, le deſſein vient naturellement d’en faire une autre, mais ce n’eſt que pour ſe faire valoir à ſon premier Amant, qu’on taſche d’en faire un ſecond ; & il doit ſe ſçavoir peu de gré des démarches qu’on fait pour luy, puiſque tout ſe rapporte à la tendreſſe qui avoit d’abord prévalu. Amaldée, comme nous avons déja dit, n’examina point tout cela ; il avoit ſi peu de panchant pour la