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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/27

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plaiſir. Les ceremonies qui ſe font d’ordinaire étant achevées, on l’embarqua, & le Prince Amaldée la voulant conduire juſques dans les Etats d’Ardalin, s’embarqua dans le même vaiſſeau qui vint perir ſur la coſte de Sicile. Ardalin attendoit avec beaucoup d’impatience une épouſe ſi cherement aimée, pendant que le caprice de la fortune & de l’amour l’occuperent ailleurs. D’abord Camille fut charmée de la beauté & de la bonne mine de Federic, & crut faire une injuſtice de luy refuſer ce qu’elle appelloit de l’eſtime. La haine de leur famille, qu’elle avoit euë dés ſa naiſſance, la dévoit empeſcher de reſſentir rien de trop intereſſant, c’eſt pourquoy elle s’abandonna à des mouvemens qu’elle ne croyoit pas fort à craindre ; d’ailleurs étant deffenduë par ſa froideur naturelle, qui l’avoit empéchée de répondre à la paſſion d’Ardalin, que par une ſimple bien-veillance, elle n’avoit garde de ſe perſuader qu’elle feroit plus de chemin ; mais elle connut avec le temps que l’eſtime qu’elle avoit pour Federic étoit trop particuliere pour n’eſtre qu’une simple eſtime,