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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/39

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pû ſuffire à luy faire garder des meſures ; elle auroit parlé, ſi le Prince Leon n’eut eu trop de tendreſſe pour laiſſer agir la ſienne. Devenu ſçavant en peu de temps, il ne luy fut pas mal aiſé de penſer que l’amour avoit beaucoup de part à leur converſation muette, & croyant n’avoir que trop ſouffert ſon Rival joüir de ce qu’il croyoit meriter autant que luy, ſon retour fut aſſez precipité. Cette bruſquerie n’étonna point Amaldée, mais Camille luy témoigna aſſez de dépit, pour l’empeſcher une autrefois de luy rompre en viſiere, ſi les Amans jaloux pouvoient étre plus circonſpects.

Federic ravy d’étre ſorty d’un pas ſi gliſſant, retomba bien-tôt dans un autre. Yolande, comme nous avons dit, étant cachée dans Meſſine, ce méme ſoir le fit avertir de ſa venuë, & le conjuroit de ſe trouver dans un cabinet de verdure que ſon Amie avoit jugé propre pour l’aſſignation. Il fallut y venir, & Federic connoiſſant les chagrins d’une tendreſſe mal reconnuë, ne les vouloit pas faire ſouffrir aux autres. Et bien Prince, luy dit Yolande en arrivant, avez-vous un peu de reconnoiſſance des ſentimens que