Aller au contenu

Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un autre que vous ; mais on a pris ſoin de vous vanger de mon ingratitude par toute ma tendreſſe mépriſée. Adieu, luy dit-elle, oubliez-moy ſi vous pouvez oublier & me pardonner mes égaremens. Je vous les pardonne, divine Princeſſe, luy dit Ardalin, je connois la fatalité du penchant qui nous force d’aimer, mais je ne puis me pardonner de n’avoir ſçeu m’attirer le vôtre ; mon cœur eſt irrité ſans doute de ce que vous luy refuſez cette tendreſſe dont vous étes capable, mais c’eſt contre luy-même, & c’eſt moy ſeul qui dois expier le crime de n’avoir pû vous plaire. À cette triſte penſée, il s’évanouit & perdit avec tous ſes ſentimens celuy de l’infidelité de ſa maiſtreſſe, mais on le fit revenir à force de remedes, il falloit qu’il goûtaſt encore quelques momens toute la malignité de ſon ſort. Il ne revint cependant que pour ſentir qu’il alloit mourir. Les allarmes qu’il avoit euës pour la vie de Camille qu’il avoit creuë enſevelie dans les flots, & la certitude de ſon changement, le penetrerent d’une ſi vive douleur, qu’il ne faut pas s’étonner s’il y ſuccomba dans