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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/52

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que je ne ſens rien de prejudiciable à ce que je vous dois, & vous verrez un jour que je ne ſuis que mal-heureux. Ces paroles qui s’inſinuerent ſi facilement dans ſon ame la firent ſoupirer, & ſongeant à ce qu’elle devoit au Prince de Barcelonne, retirez vous, luy dit-elle avec aſſez de peine, retirez-vous & me laiſſez mourir moins criminelle, ſi je ne ſçaurois mourir tout à fait innocente. Cependant Ardalin eſtant revenu à ſoy & prenant une nouvelle vigueur par la veuë du Prince de Sicile qu’il reconnut alors pour ſon rival, faiſoit tous ſes efforts pour parler, mais n’en pouvant venir à bout, il faiſoit fendre le cœur à tous ceux qui le regardoient. Ses ſyncopes redoublant on vit bien qu’il eſtoit preſt d’expirer, & ayant fait comprendre par des demonſtrations les plus touchantes du monde qu’il deſiroit s’approcher de la Princeſſe on l’apporta juſques aupres de ſon lit. Ce fut là que les forces luy revinrent ſur le point de les perdre pour jamais, & regardant Federic & Camille, vivez, leur dit-il, heureux Amans : une ſi belle Princeſſe ne pouvoit eſtre née que pour un Prince ſi accompli, je